Verre cassé, chaise renversée, tâches rouges sur le tapis… L’appartement de Laurence, au 14 avenue du Maine dans le XIVe arrondissement de Paris, recèle un lourd secret que le joueur doit dévoiler. Par le jeu, le Fonds actions addictions entend sensibiliser et alerter sur le sujet tabou qu’est l’alcoolisme chez les femmes. 

Crédit photo : @addictaide.fr

Ils étaient plus de 7000 à s’essayer, virtuellement ou physiquement, au jeu « Le secret de Laurence », lancé par Addict Aide, un portail créé par le Fonds actions addictions qui centralise différents moyens pour se faire aider des addictions, en partenariat avec l’agence de publicité BETC.

Sur le modèle de l’escape game, Le secret de Laurence invite le joueur à percer le mystère de Laurence, cadre supérieure d’un grand groupe de BTP, en lui permettant de fouiller l’appartement de la protagoniste pendant son absence, le 13 mai 2009. Muni d’un appareil photo, celui-ci doit, tel un enquêteur, trouver 20 indices disséminés dans les différentes pièces du logement afin de percer le mystère.

Un post-it sur lequel est écrit « Pas ce soir !! » : un indice potentiel ?

Une fois les différentes pièces de l’appartement fouillées, le joueur est invité à donner sa théorie, qui l’amène à découvrir que ce jeu… n’était pas qu’un simple jeu. L’occupante de l’appartement existe bel et bien : elle s’appelle Laurence Cottet et, par cette expérience, témoigne de son combat contre l’alcoolisme. Une addiction qu’elle a développé à l’âge de 35 ans, suite à la mort de son mari Pierre.

Cette addiction, elle la cache jusqu’à ce jour de 2009 où elle assiste à une cérémonie des vœux de son employeur et s’écroule, ivre morte. Face à elle, des centaines de cadres de l’entreprise, dont le directeur général. « Ce jour-là, j’ai perdu mon travail et ma dignité. Le lendemain, j’ai été licenciée, et j’ai arrêté de boire ».

Tous les indices prennent enfin sens : miroir brisé, grains de café, post-it… Autant de preuves d’une volonté de cacher son addiction (grains de café pour dissimuler l’haleine) que d’essayer de s’en sortir (les post-it « Pas ce soir ») ; mais l’addiction est bien trop forte. Pour Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions et initiateur du portail Addict Aide, « ce n’est qu’avec les bonnes clés de lecture que l’on est en mesure de déceler, d’interpréter correctement les signes qui caractérisent une addiction. Addict Aide propose ces clés pour ouvrir des chemins vers la guérison ».

Grâce à un accompagnement médical et psychologique, Laurence Cottet a vaincu son combat contre l’alcoolisme et mène aujourd’hui un DU en éducation thérapeutique à l’Université Pierre & Marie Curie pour devenir « patient expert ». Elle est l’auteure de « Non ! J’ai arrêté », un livre qui retrace son chemin de sortie face à l’alcool. Par cette campagne de prévention contre l’alcoolisme chez les femmes, elle entend prouver que « l’alcoolisme n’est ni un vice, ni une fatalité, mais une pathologie qui se soigne, pour peu que l’on accepte de se faire aider ».

BETC et Addict Aide n’en sont pas à leur coup d’essai en matière de campagne de prévention poignante. En 2016, ils avaient lancé la Campagne Louise Delage sur Instagram, mettant en scène une jeune fille dont l’alcoolisme se dissimulait derrière une vie et des décors idylliques. L’opération, qui avait fait connaître le portail Addict Aide, avait interloqué et permis de mettre le doigt sur un sujet encore tabou, notamment en montrant que les addictions ne revêtent pas forcément la forme que l’on imagine.

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Une publication partagée par Louise Delage (@louise.delage) le

En France, « entre 500.000 et un million de femmes » seraient touchées par l’alcoolisme.