Elle est l’une des femmes à avoir joué un rôle crucial dans les avancées de la NASA. À 99 ans, la mathématicienne afro-américaine a apposé son nom sur le tout nouveau centre de recherche de la NASA à Langley, en Virginie.

Crédit photo : https://www.nasa.gov/

Son histoire et celles de ses collègues avaient inspiré la romancière Margot Lee Shetterly, qui avait couché sur papier la contribution de ces femmes aux programmes aéronautiques et spatiaux de la NASA. Le livre Hidden Figures (Les figures de l’ombre) avait ensuite été adapté en film en décembre 2016.

Katherine G. Johnson, mathématicienne, physicienne et ingénieure spatiale a été honorée le 23 septembre dernier par l’agence spatiale, qui a baptisé un tout nouveau centre de recherche à Langley, en Virginie, à son nom. Le directeur de l’établissement, David Bowles a annoncé ne pouvoir imaginer « un meilleur hommage pour le caractère et les accomplissements de Mme. Johnson ».

Le parcours de Katherine G. Johnson est un parcours que l’on pourrait qualifier de « hors du commun ». Née en 1918 en Virginie-Occidentale, elle obtient son baccalauréat à l’âge de 14 ans, puis intègre l’université d’Etat pour une spécialisation en mathématiques. Elle décroche, avec les félicitations, son diplôme de mathématiques et de français à l’âge de 18 ans. Un combat qui n’était pas gagné d’avance en pleine époque de ségrégation raciale.

Elle devient enseignante en mathématiques pendant un temps, puis abandonne sa carrière pour fonder une famille. Mariée à James Goble, elle met au monde trois filles puis deviendra veuve en 1956. En 1953, Katherine répond à un appel lancé par la National Advisory Committee for Aeronotics, soit NACA, ancêtre de la NASA, qui cherche à recruter des femmes pendant la Seconde Guerre mondiale, face à la pénurie d’hommes.

Embauchée au sein de l’agence spatiale, elle intègre rapidement le Département de guidage et de navigation où son travail consistera principalement à calculer les données des boîtes noires d’avions. À cause des lois ségrégationnistes de l’époque, Katherine G. Johnson et ses collègues se voient obligées de travailler dans un espace séparé. Une différence de traitement qui ne l’atteindra pas : « Mon père nous a toujours dit : « Vous êtes aussi douées que n’importe qui dans cette ville, mais vous n’êtes pas mieux. » Ce qui explique que je n’ai pas de sentiment d’infériorité. Et que je n’en ai jamais eu », explique-t-elle dans une interview publiée par la NASA en 2008.

Katherine Johnson seated at desk working with globe at left
Katherine Johnson à la NASA, en plein travail – 1962

Dans un monde d’hommes blancs, elle arrive à faire entendre sa voix en montrant ses compétences en géométrie analytique et sa facilité à manier les chiffres. Elle repousse les barrières en se faisant notamment accepter dans des réunions jusqu’alors interdites aux femmes.

Se qualifiant elle-même « d’ordinateur en jupe », elle est chargée, en 1961, de réaliser les calculs pour le premier lancement suborbital d’Alan Shepard, qui deviendra le premier Américain à aller dans l’espace. Un challenge qu’elle réussira haut la main. On lui attribue également la vérification des calculs effectués par les premiers ordinateurs électroniques du lancement en orbite de John Glenn en 1962. Elle déterminera la trajectoire d’Apollo 11 vers la Lune en 1969, dont la descente de Neil Armstrong et Buzz Aldrin sur le sol lunaire. En 1986, elle quittera la NASA à l’âge de 68 ans, pour prendre sa retraite.

Katherine est honorée en 2015 par Barack Obama, qui lui remet la médaille présidentielle de la liberté, la plus prestigieuse récompense civile américaine. Début 2017, elle monte sur la scène des Oscars aux côtés des trois actrices de Hidden Figures. Elle encourage d’ailleurs le plus grand nombre à aller voir ce film, film qui « vous donnera l’idée positive que tout est possible si vous travaillez dur ».