Pour protester contre l’insuffisance de places dans les crèches au Japon et son impact sur le travail des femmes, l’élue Yuka Ogata s’est rendue en séance du conseil municipal de Kumamoto, ville du Sud du Japon, accompagnée de son bébé de 7 mois. Les élus présents lui ont demandé de trouver une solution pour faire garder son enfant ou de quitter la salle.
Yuka Ogata, a member of the Kumamoto city assembly, brought her little son into the chamber on Wednesday – but was asked to take him out because of a rule limiting attendance to assembly members, city official Naoya Oshima said @UN_Women pic.twitter.com/o6mLI9KTdF
— socialmediastrategis (@KiambaReloaded) 26 novembre 2017
Yuka Ogata, une députée de Kumamoto (centre de l’île de Kyushu, dans le sud du Japon), s’est présentée, avec son fils de sept mois, à l’assemblée municipale à son retour de congé maternité, le 22 novembre dernier. Ce geste symbolique a provoqué la colère de ses confrères. Le président de l’assemblée, Yoshimoto Sawada, accompagné de l’équipe du secrétariat, lui a demandé de quitter la salle, peu avant le début de la séance. La session a repris quarante minutes plus tard, alors que Yuka Ogata revenait seule, ayant confié son fils à un ami.
Le quotidien The Asahi Shimbun révèle que les règles de l’assemblée ne possèdent pas de mention interdisant aux membres d’assister à une réunion avec un nourrisson. Néanmoins, une règle stipule que les visiteurs doivent s’asseoir dans la tribune et ne sont en aucun cas autorisés à entrer dans la salle pendant une séance. Dans ce cas précis, l’assemblée aurait considéré l’enfant comme un visiteur, interdisant sa présence en séance.
« Je voulais rendre visible la réalité de nos citoyennes, qui peinent à concilier leur maternité et leur vie professionnelle », confie la mère de famille. Au Japon, de nombreux parents, et particulièrement les femmes, rencontrent de grandes difficultés pour gérer à la fois leur travail et l’éducation de leurs enfants, alors que le pays fait face à de larges coupes budgétaires concernant les garderies.
En dépit du plan « womenomics » lancé en 2014 par le Premier ministre Shinzo Abe, qui devait soutenir l’émancipation des femmes et réduire les inégalités liées aux genres dans le monde du travail, le manque de places dans les garderies ne cesse de grandir. Le Premier ministre a également affirmé faire de la dénatalité « une cause nationale dont il faut s’emparer d’urgence », sans que des mesures significatives aient été prises. En mars 2016, la pénurie de places dans les crèches et l’inaction des autorités sur le sujet avaient fait polémique.
Un geste vivement critiqué
Selon un sondage effectué par le Tokyo Shimbun et relayé par le Courrier International, les députés hommes du département de Kumamoto ont demandé des sanctions à l’encontre de Yuka Ogata, tandis que les 54 députées femmes sont aussi presque unanimes sur le fait que “son action est allée trop loin”.
En réponse à son action, Yuka Ogata a reçu un avertissement écrit pour infraction aux règles. Celle-ci a présenté ses excuses à l’assemblée, pour avoir retardé la séance.