Elle est devenue la figure du mouvement de protestation contre le gouvernement au Venezuela. À Caracas, Caterina Ciarcelluti est de toutes les manifestations.
Crédit photo : Federico Parrafederico parra/AFP/Getty images
Muscles saillants, cheveux longs, lunettes de soleil, casque et masque à gaz, la photographie de cette femme jetant une pierre sur les forces de l’ordre est devenue l’image marquante de la révolte au Venezuela, qui traverse actuellement une grave crise politique, économique et sociale.
Surnommée « Wonder Woman » (Mujer Maravilla), la manifestante de 44 ans, prise sur le fait, est une ancienne mannequin reconvertie en coach sportive.
Pour obtenir ce physique, elle suit une routine sportive stricte : « Mon entraînement implique un jogging jusqu’en haut d’une colline à 6h du matin, en portant des poids, suivi d’une heure et demie d’exercices en altitude ». À 8h du matin, après avoir avalé une omelette composée de cinq œufs, elle est prête pour sa journée de travail en tant que coach personnel pour des clients. « Mon régime n’est pas particulièrement inhabituel », affirme-t-elle. « Nous, les femmes vénézuéliennes, sommes toutes des guérillas. C’est dans notre personnalité. Nous avons tendance à prendre soin de nous par l’exercice ».
Caterina Ciarcelluti n’en est pas à son coup d’essai en matière de protestation. Elle a en effet manifesté contre les gouvernements de gauche du président Maduro et de son prédécesseur, Hugo Chávez, et ce depuis le début des années 2000, lorsqu’elle était encore étudiante en éducation physique.
Dans une interview donnée au Times, Caterina Ciarcelluti commente la photo qui a immortalisé son geste et déclare avoir jeté cette pierre « dans un moment de rage ». « Si notre protestation n’est que pacifique, ils ne quitteront pas le pouvoir. Je ne peux pas tolérer cela. Je ne dis pas que cela nécessite une violence extrême, mais il faut qu’il y ait des pressions. Des pressions constantes. Nous ne devons pas nous décourager ».
Consciente de son image de battante, elle affirme, selon Terriennes, assumer pleinement ce rôle de meneuse : « Ce n’est qu’un surnom, mais il suggère un rôle de leader et révèle que les manifestants ont besoin d’une force motrice…. Une force qui ne renonce pas, qui continue à se battre, que l’on n’arrête pas. Je veux montrer que l’on peut rayonner, ne pas baisser les bras ». Sur Instagram, Caterina Ciarcelluti a déjà conquis plus de 50 000 personnes. Elle y partage son quotidien et son combat.
La situation au Venezuela
Le bilan fait état d’au moins 38 victimes, des centaines de blessés et des milliers de personnes arrêtées depuis début avril, lors des rassemblements contre le pouvoir de Nicolas Maduro, le président vénézuélien en exercice.
Les manifestants réclament notamment au gouvernement de tenir des élections anticipées, relâcher les prisonniers politiques et aider les populations à subvenir à leurs besoins alimentaires et médicaux. Depuis 2014, la chute du cours du pétrole de ce pays doté des premières réserves mondiales, et la mauvaise gestion de l’économie par les chavistes, ont provoqué de graves pénuries alimentaires et de médicaments.
La semaine dernière, les manifestants ont redoublé d’inventivité pour faire entendre leur voix, en troquant leurs cocktails Molotov par des « puputov » (« cacatov » en français), projectiles composés d’excréments et d’eau afin de répondre à la répression des forces de l’ordre.